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Site officiel du PRCF d'Occitanie Pour une alternative rouge tricolore

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27 janvier 2024

La FNSEA et la JA marchent sur la tête !

Par Thomas LIGEON

Depuis quelques mois maintenant, nous constatons à l’entrée et à la sortie de chaque village de France (ou presque) que les panneaux d’entrée d’agglomération ont été retournés. Cette action a été organisée par les Jeunes Agriculteurs (JA) et la FNSEA. Elle vise à dénoncer le manque de clarté des politiques agricoles françaises. Mais n’y a-t-il pas d’autres revendications plus concrètes derrière cette action ?

A lire : « Des champs aux usines, l’UE nous guillotine, vite Frexit progressiste »- le PRCF solidaire des paysans en lutte

Pour répondre à cette question, j’ai été cherché sur les sites de la JA, de la FNSEA, du MODEF, et de la Confédération paysanne. Je n’ai quasiment rien trouvé de concret excepté un article de blog de la JA du 18 décembre : cet article de blog est accompagné d’un diaporama de 9 diapositives qui liste les revendications de ce syndicat agricole[1].

Alors qu’en est-il ? Je ne vais pas lister ici, diapositive par diapositive, les revendications des JA. Je vais plus simplement me concentrer sur la ligne générale de ce qui est revendiqué.

D’abord commençons par dire que les inquiétudes exprimées sont sérieuses et bien réelles :

  • la moitié des agriculteurs actuellement en activité sera en retraite d’ici 5 ans,
  • la France importe la majorité de ce qu’elle consomme et n’a pour ainsi dire qu’une souveraineté alimentaire liée au marché mondiaux,
  • Il existe une véritable problématique liée à la ressource en eau dans notre pays. Ce n’est plus une thématique de pays africains, c’est bien une thématique de pays européen et ça le sera de plus en plus.

Mais les solutions envisagées par la FNSEA et la JA ne sont, pour les résumer, qu’une vaste fuite en avant vers un système encore plus intensif et encore plus agro-industriel :

  • En effet, que penser d’une revendication qui proclame l’arrêt du 4 % jachère ? Alors même que les jachères sont utilisées dans les plans d’assolement pour recréer de la matière organique et reconstituer la fertilité minérale des sols via l’activité des micro-organismes qui vivent. Les jachères sont donc utiles pour la préservation de la biodiversité et pour le maintien de la productivité agraire. Revendiquer l’arrêt du 4 % jachère, c’est considérer le sol comme un substrat inerte devant être systématiquement amendé par des engrais chimiques (tel que ceux produits par l’usine Yara dont nous avons déjà parlé dans IC).
  • Une autre revendication est celle de ne pas considérer les exploitations agricoles comme relevant de la directive européenne sur les émissions industrielles. Pour les JA, une ferme n’est pas une industrie. Nous pourrions être d’accord avec cette vision des choses, à condition de défendre comme le fait par exemple le MODEF, un modèle d’exploitation familiale. Mais ce n’est pas la ligne des JA, ni de la FNSEA. En vérité, ce sont eux qui défendent les fermes des mille vaches[2], ce sont eux qui défendent l’agriculture spécialisée porcine en Bretagne[3]. Le modèle agro-industriel et hyper intensif est celui qui produit le plus de pollution, notamment via les nitrates mais pas uniquement. On comprend alors que cette revendication profite, en fait, aux gros agriculteurs qui polluent le plus et ne voudraient pas être considérés comme des entreprises devant mettre en place un certain nombre d’éléments dans leur processus de production pour dépolluer leur activité.
  • Concernant l’usage de produits phytosanitaires, une revendication tout à fait logique et entendable et formulée de manière simple : « Pas d’interdiction sans solution ». Mais que penser de cette revendication au vu de l’ensemble ? Il n’est pas question ici de réclamer un plan d’accompagnement permettant de sortir de l’agro-chimie par la lutte biologique.
  • Les JA dénoncent l’interdiction de produire sur les sites Natura 2000. Il est précisé que 12 % des surfaces en Natura 2000 seraient exclues de la production agricole. Or il n’en est rien, il n’existe aucune obligation en la matière. Par contre, Natura 2000 permet certaines rémunérations de changement des pratiques, sur la base du volontariat.
  • La dernière revendication concerne la ressource en eau : la JA dénonce une “fiscalité environnementale punitive” et notamment une augmentation de 40 % de la redevance pour le prélèvement de l’eau. Là encore la thématique de fond n’est pas mise en avant, l’agriculture est très consommatrice d’eau. Des techniques permettraient de faire de large économie en eau, voire même de stopper l’arrosage artificiel : arrêt du labour[4], mise en place d’un plan agroforestier, récréation d’un humus[5] ou d’un paillage qui permet de conserver l’humidité du sol, etc.

Naturellement cet article ne vise pas à jeter la pierre aux agriculteurs qui ont écouté les JA et la FNSEA et ont participé à cette action. Il est évident qu’un homme qui travaille 12 heures par jour, entre la traite du matin et du soir, et les travaux des champs n’a pas de temps à perdre en bavardages théoriques. C’est d’ailleurs le grand drame de cette profession : le niveau de détresse financière est tel qu’il est plus simple d’écouter son technicien de coopérative et de plonger ainsi dans une spirale de l’endettement, ce qui a pour effet de rechercher toujours plus de productivité. Productivité pour laquelle on s’endette de nouveau.

Alors que pourrions-nous proposer ? Quelle voie pourrions nous emprunter pour faire bifurquer notre système agricole ?

  • Financement, par l’Etat, d’un vaste plan d’agroforesterie, accompagné de formations mais aussi d’une mise à disposition de moyens matériels et humains.
  • Contrôle des marchés par l’entremise d’un Office National Interprofessionnel du Blé (ONIB), comme durant le Front Populaire, qui permettrait la mise en place d’un prix minimum garanti (idée du MODEF[6])
  • Collectivisation, via un système de CUMA, des semences et des stocks de produits phytosanitaires avec un plan sur une dizaine d’années pour stopper intégralement l’usage de ces produits (ou en tout cas le limiter au strict minimum).
  • Mise en place d’une sécurité sociale de l’alimentation, telle que voulu par la Confédération Paysanne[7]

Cette liste n’est pas exhaustive, et ne constitue pas la ligne agricole du PRCF. Il s’agit seulement pour nous d’une piste solide de réflexion.

Pour l’heure, les syndicats agricoles majoritaires préfèrent revendiquer tête baissée une fuite en avant vers ce qui tue la petite exploitation. En fin de compte, il ne restera plus que les gros qui mangeront les petits et le capital se concentrera de plus en plus comme ce fut le cas il y a un siècle avec l’industrie.

Et c’est toute la campagne qui se vide de ses insectes, fleurs, oiseaux, papillons, et habitants.

 


[1] https://www.jeunes-agriculteurs.fr/une-mobilisation-renversante/

[2] https://www.action-agricole-picarde.com/ferme-des-1000-vaches-fdsea-et-ja-regrettent-deja

[3] https://www.jeunes-agriculteurs.fr/session-porcine-2023-de-jeunes-agriculteurs/

[4] Restauration de la microporosité du sol

[5] Strate superficielle d’un sol composée principalement de matière organique en décomposition, l’humus permet de recréer de la fertilité minérale par décomposition de la matière organique.

[6] https://www.modef.fr/nos-revendications-clefs/

[7] https://securite-sociale-alimentation.org/

 

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